La Guerre de l'Ogaden; une bataille pour la souveraineté et la détermination éthiopienne face à une agression somalienne

L’histoire de l’Afrique est parsemée d’événements tumultueux qui ont façonné le destin des nations et des peuples. Parmi ceux-ci, la guerre de l’Ogaden (1977-1978), un conflit territorial entre l’Éthiopie et la Somalie, occupe une place particulière dans les annales. Ce conflit sanglant a mis en lumière la détermination du peuple éthiopien à défendre son intégrité territoriale face à une agression étrangère audacieuse.
Pour comprendre pleinement le contexte de cette guerre, il est crucial de se pencher sur les racines historiques de la région de l’Ogaden. Cette région, située dans le sud-est de l’Éthiopie, abrite une population majoritairement somalie et a longtemps été un sujet de revendication territoriale pour la Somalie voisine. Après l’indépendance de la Somalie en 1960, le gouvernement somalien nourrissait des ambitions expansionnistes visant à unir tous les territoires peuplés de Somalis, y compris l’Ogaden, sous sa bannière.
En juillet 1977, profitant de l’instabilité politique en Éthiopie après le coup d’État du Derg en 1974, la Somalie lança une offensive militaire contre l’Ogaden. Les forces somaliennes, mieux équipées et entraînées que leurs homologues éthiopiennes, avancèrent rapidement dans la région, prenant le contrôle de plusieurs villes clés. La communauté internationale fut prise au dépourvu par cette agression soudaine et sembla hésiter à intervenir dans ce conflit régional.
Face à cette menace directe sur son territoire, l’Éthiopie se retrouva confrontée à un défi crucial pour sa survie nationale.
L’État éthiopien, dirigé par le Derg, une junte militaire qui avait pris le pouvoir en 1974, lança un appel désespéré à la communauté internationale pour obtenir une aide militaire. Cependant, l’aide apportée fut limitée et insuffisante face à la puissance de l’armée somalienne.
C’est alors que Haile Mariam Mengistu, le leader du Derg, prit une décision audacieuse qui allait changer le cours de la guerre: il fit appel à l’Union soviétique pour obtenir un soutien militaire massif.
Les Soviétiques, engagés dans une course à l’armement avec les États-Unis pendant la Guerre Froide, virent en Éthiopie une opportunité stratégique pour renforcer leur influence en Afrique. Ils fournirent à Mengistu des armes modernes, des avions de combat MiG et des conseillers militaires expérimentés. L’arrivée de cette aide soviétique transforma radicalement le conflit en faveur de l’Éthiopie.
L’armée éthiopienne, désormais mieux équipée, lança une contre-offensive massive contre les forces somaliennes.
Les combats furent acharnés et sanglants, laissant des milliers de morts des deux côtés. Au printemps 1978, après plus d’un an de guerre, l’armée éthiopienne réussit à repousser les forces somaliennes hors de l’Ogaden. La Somalie accepta finalement un cessez-le-feu en mars 1978, mettant fin à la guerre.
La victoire éthiopienne dans la guerre de l’Ogaden fut célébrée comme une grande réussite nationale. Mengistu et le Derg furent considérés comme des héros qui avaient sauvé l’Éthiopie de la fragmentation et de la domination étrangère. Cependant, cette victoire a également eu un coût humain considérable: des milliers de soldats éthiopiens et somaliens ont perdu la vie dans les combats.
De plus, la guerre a laissé des cicatrices profondes sur les relations entre l’Éthiopie et la Somalie. Les deux pays sont restés ennemis jurés pendant des décennies, alimentant une tension régionale persistante.
Haile Mariam Mengistu, le leader controversé qui a mené l’Éthiopie à la victoire dans la guerre de l’Ogaden, est un personnage complexe et fascinant. Sa carrière politique fut marquée par des succès militaires spectaculaires, mais aussi par une répression brutale à l’intérieur du pays.
Mengistu a été accusé de crimes contre l’humanité pour les purges sanglantes qui ont ciblé ses opposants politiques et les populations civiles.
Il fut finalement renversé en 1991 après une guerre civile de longue durée et s’est réfugié au Zimbabwe, où il vit encore aujourd’hui. La guerre de l’Ogaden reste un chapitre important de l’histoire de l’Éthiopie et de la Somalie. Elle témoigne de la complexité des relations interétatiques en Afrique, ainsi que des enjeux géopolitiques liés à la Guerre Froide.
Conséquences à Long Terme:
La guerre de l’Ogaden a eu un impact profond sur le paysage politique et social de la région:
-
Affaiblissement de la Somalie: La défaite militaire a fragilisé le régime somalien, conduisant à une instabilité chronique qui dure encore aujourd’hui.
-
Renforcement du pouvoir du Derg en Éthiopie: La victoire dans la guerre a renforcé le pouvoir autoritaire du Derg et a contribué à la répression politique dans le pays.
-
Intervention soviétique en Afrique: La guerre de l’Ogaden a marqué une étape importante dans l’expansion de l’influence soviétique en Afrique pendant la Guerre Froide.
-
Instabilité régionale persistante: Les tensions entre l’Éthiopie et la Somalie ont perduré après la guerre, alimentant des conflits récurrents dans la région.
Tableaux illustrant les pertes humaines et matérielles durant la Guerre de l’Ogaden:
| Pays | Morts militaires | Blessés | Réfugiés |
|—|—|—|—| | Éthiopie | 15 000 - 20 000 | Inconnu | Plus d’un million | | Somalie | 10 000 - 15 000 | Inconnu | Environ 500 000 |
Conclusion:
La guerre de l’Ogaden fut un conflit brutal et complexe qui a laissé une empreinte durable sur la région. L’intervention soviétique, la répression du régime éthiopien, et les tensions persistantes entre les deux pays sont autant de conséquences de ce conflit oublié par l’histoire moderne.